[Ancien chef de l’Etat brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, dit « Lula », est emprisonné depuis le 7 avril dans une cellule de la police fédérale de Curitiba, dans le sud du Brésil, où officie le célèbre juge anticorruption Sergio Moro. Lula y purge une peine de douze ans et un mois de prison infligée à la suite d’un procès précipité l’accusant de « corruption passive » et de « blanchiment d’argent ». Selon l’accusation, une entreprise de bâtiment et de travaux publics avait prévu d’offrir un appartement de trois étages à Lula en remerciement de diverses faveurs. L’ancien président fait l’objet de six autres procédures en attente de jugement.]
Tribune. Je suis candidat à la présidence du Brésil, pour les élections d’octobre, car je n’ai commis aucun crime et parce que je sais que je peux faire en sorte que le pays reprenne le chemin de la démocratie et du développement pour notre peuple.
Après tout ce que j’ai accompli comme président de la République [entre 2003 et 2010], j’ai la certitude que je pourrai redonner au gouvernement toute sa crédibilité, sans laquelle il ne peut y avoir de développement économique ni de défense des intérêts nationaux. Je suis candidat pour rendre aux pauvres et aux exclus leur dignité, pour garantir leurs droits et leur donner l’espoir d’une vie meilleure.
Rien dans ma vie ne fut facile, mais j’ai appris à ne pas renoncer. Quand j’ai commencé à faire de la politique, il y a plus de quarante ans, il n’y avait pas d’élections dans le pays, pas de droit pour les organisations syndicales et politiques.
Nous avons affronté la dictature et créé le Parti des travailleurs (PT), croyant à la démocratie. J’ai perdu trois élections présidentielles avant d’être élu en 2002. J’ai prouvé, avec le peuple, que quelqu’un d’origine modeste pouvait être un bon président. J’ai achevé mes deux mandats avec 87 % d’approbation. C’est le niveau de rejet de l’actuel président du Brésil [Michel Temer], qui n’a pas été élu.
Persécution judiciaire
Au cours des huit années durant lesquelles j’ai gouverné ce pays, nous avons eu la plus forte inclusion sociale de l’histoire, qui s’est poursuivie lors du gouvernement de ma camarade Dilma Rousseff. Nous avons sorti de l’extrême misère 36 millions de personnes et permis à 40 millions de rejoindre la classe moyenne. Notre pays a connu un prestige international exceptionnel. En 2009, Le Monde m’a désigné « homme de l’année ». J’ai reçu cet hommage comme les autres, non comme un mérite personnel, mais comme une marque de reconnaissance de la société brésilienne.
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